jeudi 5 décembre 2013

Willy FAVRE, invité d'honneur et membre du jury

Willy Favre fut présent dès les débuts de la convention Incant'D100. Portant un regard bienveillant sur le projet de La LYRE, il s'y est investit plus que nous n'aurions osé l'imaginer : non seulement nous lui devons l'illustration de la première affiche, mais il prit le rôle de président du jury du concours d'écriture de scénario avec sérieux.

Selon le vieil adage "Engagez-vous, rengagez-vous", nous l'avons donc convié à faire de nouveau partie du jury... et malgré son emploi du temps chargé, nous n'avons même pas eu besoin d'user de chantage ni de le soudoyer !

Un petit tour du côté de BrainSalad -  Ze site s'impose avant de découvrir le petit entretien suivant.



  • Quel auteur-illustrateur es-tu ?
"Quelqu’un de perpétuellement insatisfait et de curieux. Ce qui me fait avancer, c’est de tenter de m’améliorer, de tester de nouvelles choses. C’est un chemin sans fin mais c’est mon seul et unique moteur. Par contre, du coup, ça me rend un peu exigeant avec l’âge et j’ai de plus en plus de mal à voir mon boulot tronqué, haché ou détérioré."
  • Et quel rôliste es-tu ?
"Déjà un rôliste plus souvent MJ que joueur. Ensuite un rôliste qui essaye de garder ses yeux de jeune rôliste, dont les yeux s’illuminaient en ressortant d’une boutique, un nouveau jeu dans les mains. L’odeur du papier, les dessins, le background… Peu importe qu’un morceau de jeu ne me plaisait pas, si l’ensemble m’inspirait, j’en avais une vision très positive. Avec le temps, malheureusement, on devient plus exigeant et on perd cet amour initial (et sans doute un peu aveugle) pour ce loisir. J’essaye de combattre ce comportement, qu’on rencontre aussi dans le jeu vidéo entre les vieux gamers blasés de tout et les noobs qui découvrent Skyrim pour la première fois. Le problème, c’est que si tu perds cet émerveillement, tu n’es plus en mesure de le transmettre. Et ça me ferait un peu chier, je l’avoue. Si le jdr devient juste la « routine du samedi soir », autant mâter un DVD ou faire des mojitos avec les potes."

  • Pour tomber dans le jeu de rôles puis ensuite écrire, produire ou illustrer tes propres œuvres, il a sans doute fallu traverser quelques miroirs... Comment les choses ont-elles "basculé" ?
"Tu veux dire, traverser des vitres comme Colt Seavers ?

J’ai eu plusieurs vies. Je travaille dans le fanzinat, la micro-édition puis l’édition professionnelle depuis 21 ans. J’ai commencé à l’âge de 18 ans comme illustrateur dans des fanzines littéraires et de jdr. J’ai moi-même produit un fanzine de nouvelles fantastiques, dont les participants sont désormais des auteurs reconnus (mais pas grâce à moi, hein, j’ai juste eu l’honneur de les avoir croisés). Puis j’ai écrit Brain Salad en 1996 et je suis revenu plus concrètement vers le jeu de rôle, en particulier grâce aux particularités offertes par internet (les sites, les blogs, les forums, le PDF…). Tout s’est ensuite enchaîné, avec des propositions de collaborations, puis d’éditions. A la base, j’étais surtout illustrateur mais on m’a encouragé à écrire et c’est devenu un processus naturel. J’ai des phases : après un gros boulot d’écriture, je fais un break avec des dessins. Et inversement.

Mais j’ai connu bon nombre de galères, de promesses en l’air et d’espoirs déçus en autant d’années. C’est d’ailleurs sans doute ce qui m’a le mieux construit, même si dorénavant je souhaite couler pas mal de guignols dans le béton."
  • Tout le monde recherche sa propre formule magique pour créer... Où puises-tu ton inspiration ?
"Dans ma tête. Et comme toutes les têtes, elle absorbe un peu tout ce qu’elle croise : livres, BD, films, séries, jeux vidéos…"
  • Cela ne doit pas être évident de trouver encore du temps pour jouer... mais quel est ton livre de jdr de chevet ?
"Aucun. Pour la bonne et simple raison que je n’ai plus le temps de maîtriser les jeux des autres, ce qui est le cas d’une majorité d’auteurs. Par contre je fais beaucoup jouer les miens. Je préfère donc avoir un livre ou une BD en livre de chevet, car je dois rester concentré sur mes propres créations et mes playtests. De plus, depuis le début, j’essaye toujours de savoir ce qui se fait mais je n’achète pas de jeux pour les décortiquer et m’en inspirer. Quitte à ce qu’on me fasse remarquer que « eh, ton système il ressemble à celui de Barbecue rpg !», je préfère que ce soit un hasard qu’une repompe déguisée. Partir de rien fait partie de mon processus créatif, c’est pourquoi je n’ai jamais été pigiste sur un jdr auquel je n’ai pas participé. Je n’y arrive tout simplement pas. J’ai la sensation d’avoir raté le train au début et de le prendre trop tard, en ayant loupé plein de paysages intéressants. T’as vu la métaphore ? On dirait du Laurent Voulzy tellement c’est beau."
  • Quel est ton souvenir de partie le plus marquant ?
"Ouhla, il y en a plein. Au débotté, on va dire une partie de Nephilim commencée à 14h et terminée à 9h le lendemain matin, sans que personne ne soit fatigué. Aucun coup de barre, pas de coup de mou. Juste du jeu et une partie mémorable. Mais nous étions jeunes."

  • Quelles sont tes actualités brûlantes et tes projets en cours ?
"Trois choses :

J’ai participé à deux suppléments Z-Corps qui sont sortis il y a peu : Dead in Denver et Dead in Savannah.
    EmoRagie, mon premier roman, vient juste de paraître aux éditions TRASH. C’est un texte gore, qui se déroule dans l’univers de mon prochain jeu. J’ai également réalisé des couvertures pour les autres opus. On peut le commander ici : http://trasheditions.wix.com/trasheditions

    Mon prochain jeu, justement, est en train de finir sa longue phase de playtests. Il se nomme Backslash et je le propose à nouveau aux joueurs durant la convention Incant’D100. A la Roche-sur-Yon. Tu la connais, je crois ?"

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